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14 mai 2011 6 14 /05 /mai /2011 10:13

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Il était 7h00, ou peut-être 9h00, on ne savait pas vraiment, on ne l'avait jamais vraiment su au fond, ou bien on ne s'en souvenait tout simplement pas. Et le cadran solaire ne permettait pas de le dire avec précision. Ce dont on se souvient, c'est qu'à ce moment-là, le soleil se levait sur la cité.

 

Assise non loin du forum, elle attendait.

 

Elle attendait, encore et toujours, elle ne savait pas vraiment quoi au juste, quelque chose qui ne viendrait jamais sûrement. Les gens se pressaient devant elle, marchaient vite, et elle les regardait sans les voir. Elle était assise là, dans cette ville, et pourtant, elle se sentait terriblement étrangère à toute cette agitation.

La vie, l'activité défilait dans ses yeux à une vitesse vertigineuse, sans s'arrêter, sans laisser de traces. Les femmes, leur paquet de linge sous le bras, se dirigeaient vers les lavoirs, et leurs rires se mêlaient au brouhaha du forum et aux cris des marchands ambulants. De temps à autre s'élevait la contestation d'un client insatisfait : « Mais ! Ces petits pois sont rouges ! ». Le forgeron faisait danser tout autour de lui des étincelles, produites par le choc entre le feu et le fer. Les poissons avariés du poissonnier volaient en tous sens et heurtaient parfois au visage quelque malheureux enfant.

 

Et la vie continuait, inlassablement.

 

Le temps était intouchable et nul ne pouvait le maîtriser.

Les cloches de la cathédrale sonnèrent 12 fois. Il était midi.

Plus que jamais, les gens se bousculaient, impatients de prendre leur pause déjeuner.

Elle se leva et fit quelques pas en direction du centre ville, bien décidée à échapper à la foule. Elle ne voulait pas se fondre à tous ces gens qui lui étaient étrangers, mais elle n'avait pas non plus envie de marcher. Elle n'était décidément ni chair ni poisson. Elle arrêta une voiture, monta à l'arrière et se sentit bien, sur la banquette en cuir délicieusement silencieuse. La voiture démarra en grinçant sur les pavés de l'avenue principale.

 

- « Sur les flots, sur les grands chemins, nous poursuivons le bonheur. Mais il est ici, le bonheur. »

 

Le chauffeur de taxi se retourna, tout fier de sa trouvaille, et la regarda. Elle ne rêvait pas. C'était bien Horace qui lui souriait, sous ses boucles blondes. Elle éclata de rire. Elle trouvait cela il l'hareng. Et ce rire éblouit le chauffeur, et le força à cligner des yeux à plusieurs reprises. Il se mit à nager avec acharnement vers l'amour, et fut pris d'un excès de vitesse. Vacillant allègrement entre les voitures qui semblaient, par cette chaleur, des monstres luisants d'écailles, il accélérait, tournait le volant en tous sens, de queue de poisson en tête à queue, et s'amusait des coups de klaxons des automobilistes outragés.

Le taxi rata soudainement un virage un peu trop pointilleux et se retrouva dans un « plouf » sonore, flottant dans les eaux sales du port. Horace, abattu sur son volant, pensa tout haut : « Que de poisse on a ! »

 

FINIS

 

Texte : écrit pour le concours ARTELA 2011, par Aurore et moi

Photo : Autoportrait qui n'a pas de rapport direct avec le texte

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commentaires

Q
<br /> <br /> Oups, désolé du double post. Je viens de faire gaffe au titre, et maintenant je comprends pourquoi... je comprenai pas l'histoire enfait xD.<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Normal, je sais pas si on peut dire qu'il y a quelque chose à comprendre en fait. Mais en tout cas, contente que tu aimes !<br /> <br /> <br /> <br />
Q
<br /> <br /> J'ai bien aimé cette première allusion : « Mais ! Ces petits pois sont rouges ! »<br /> <br /> <br /> Mais le sujet c'était sur le poisson ou c'est vous qu'avez décidé ?<br /> <br /> <br /> Sinon, c'est super, bravo.<br /> <br /> <br /> <br />
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